Peut-on ne pas être infidèle? Ainsi posée, de manière provocatrice, la question fait surtout référence à l’augmentation moderne du taux d’infidélité (et de séparations). Cela tient-il au fait que l’on a renoncé aux châtiments (lapidation des adultères), à une fragilité multiple du couple dans notre société? Un peu aux deux, sans doute.
La promesse de fidélité réciproque est une donnée fondatrice du couple. Elle vient cimenter une relation qui ne se veut plus éphémère. Où la légère parole prend valeur d’engagement total jusqu’à la mort ou la première bourrasque. Nul ne sait.
L’infidélité est une transgression du code ou du contrat de base librement et joyeusement accepté, une trahison de la parole donnée, ce maillon à résistance variable, le plus fort et le plus faible qui soit.
Un traitement illusoire
L’infidèle est confronté à des facteurs d’une grande diversité, dont la force apparaît cependant très inégale. Ils l’invitent à vivre une aventure fugitive, une liaison suivie, voire à mener une double vie.
Certains cèdent à une poussée de fièvre sensuelle, d’autres tombent raide amoureux. Nombreux y font une tentative de résoudre, de leur côté, un problème sexuel ou relationnel. Les premiers résultats sont parfois encourageants et l’amant retrouve, avec sa voisine de palier, des capacités oubliées. Pour autant, sa voisine n’est pas une thérapeute. Elle ne peut garantir d’effets durables. Et puis le remède s’avère parfois pire que le mal et éreinte le couple, qui peut ne pas se relever de la trahison.
Dans de tels cas, l’infidélité est toujours une forme maladroite et entièrement illusoire de remédier à un malaise ou à une situation insatisfaisante pour des causes complexes. Ceux qui en auront pris conscience ne verront que des avantages à se confier à un sexologue ou un conseiller conjugal.
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La grande violence qui s’impose au partenaire dont la confiance a été trahie peut sembler disproportionnée. Souvent obnubilé (« C’était comment? ») par l’aspect sexuel de l’aventure, il va souffrir encore d’une profonde atteinte narcissique grouillant de sentiments d’abandon, de rejet, de dévalorisation, de non-respect et de jalousie. C’est le jardin secret, la complicité, l’intimité, toutes les informations secret-défense du couple qui sont supposées avoir été livrées sans coup férir à l’ennemi. Voire sans précaution, anticonceptionnelle ou médicale (MST, sida).
Pareil séisme est de nature à ébranler les couples les plus solides. Pourtant, si le malade ne trépasse pas, la crise peut être salutaire et permettre – si besoin grâce à l’aide de professionnels – de décortiquer l’histoire, de panser les plaies béantes et de restaurer le contrat.
Libre arbitre
Quant aux fantasmes (dans les rêves) de relations extraconjugales, ils sont d’une banalité aussi affligeante que normale, et peut-être même nécessaire pourrait-on dire. Qu’ils prennent appui sur le voisin, des créatures extraterrestres aux pouvoirs merveilleux, ou sur Brad Pitt et Richard Gere. Mais le passage à l’acte est d’un autre ordre. Le partenaire qui franchit le pas a beau dire: « C’est plus fort que moi, que nous », il y a toujours un moment où il se laisse aller, parce qu’il en a le désir et qu’il prend la liberté d’accomplir un acte qui engage sa responsabilité.
Certaines périodes de la vie du couple sont plus critiques. L’accession à la paternité peut gravement déstabiliser, paniquer le conjoint, qui se prend à rêver de fuite, d’une autre vie. L’entrée dans l’adolescence des enfants peut ressusciter chez les parents des désirs d’affranchissement des contraintes, des fringales d’exaltation amoureuse. Dans chaque cas, pas de fatalité, mais un choix.